POINTS DE SUSPENSION - note d'intention

Amblyope de naissance, j’ai la chance de ne pas bien voir mais d’apprendre à voir tous les jours. Et ce n’est pas une simple histoire d’oeil ! Sauf à voir du bout des yeux qui se limite à recevoir des directives et informations... Il y a surtout voir à bras le corps qui engage l’intégralité de mes perceptions physiques, psychiques et sociales.
Pour “points de suspension” j’ai entrepris de découvrir l’espace de l’église Saint-Etienne de Beaugency avec cette vision pleine, en considérant le dynamisme des affects. Puis j’ai restitué ce que j’ai perçu, non pas en une succession d’images accrochées aux murs, mais en une seule image entière et organisée. Les sculptures de Laurent y sont intégrées.
C’est un tableau à l’echelle du lieu, à parcourir pour voir.



Ce lieu est une cuve qui forme un tout.
Mais aussi une sorte de cube 
que l’on aurait déployé en quatre volets
libérant le champ des couleurs primaires 
et leurs affects pressentis :

espace noir/blanc - rytme, flux, contraste, frontière...
espace jaune - trou, disparition, tas, chantier, côté...
espace rouge - fente, coulure, interdiction, main droite...
espace bleu - tube, gangue, filet, sens unique, mamma mia...

Dans ma recherche je poursuis une peinture dans la relation à...
Peu m’importe qu’elle soit figurative ou tachiste pourvu qu’elle ne se fige pas dans une représentation et qu’elle participe de ce qui l’entoure, en connexion. De cette façon, la peinture fait chair et joue, comme on dit au cinéma.
Transparence, transformation et transfert. Je la traite comme une peau libérée de la toile opaque et de son lourd châssis.
Elle est suspendue à l’espace, se décolle du mur ou le troue. Elle est attachée au temps, emprisonne l’instant ou s’écoule. Et ne se retient pas.